#Coronavirus : La synthèse des politiques monétaires et budgétaires lancées dans l’urgence

Publié le 19/03/2020 - Jean-François Bay
La version de Christine Lagarde du « What ever it takes » est « Il n'y a pas de limites à notre engagement envers l'euro » ou encore « À période extraordinaire, action extraordinaire » mots déclarés par la présidente de la BCE (Banque Centrale Européenne), Christine Lagarde mercredi soir lors d’une réunion d’urgence. « Nous sommes déterminés à utiliser le plein potentiel de nos outils, dans notre mandat » a-t-elle ajouté.

La Banque centrale européenne a donc lancé un nouveau programme d'achat d'obligations de 750 milliards d'euros, à l'issue d'une réunion imprévue mercredi soir, ce qui porte à 1100 milliards ses achats d'actifs prévus sur les marchés cette année. À lui seul, le plan annoncé en toute fin de soirée mercredi équivaut à 6% du produit intérieur brut (PIB) de la zone euro.

« La logique du programme de la BCE est simple » note Philippe Waechter, chez Ostrum Asset Management. « Les Etats vont dépenser d'énormes sommes d'argent pour compenser les effets négatifs de l'épidémie sur l'activité. Dans le même temps, les taux d'intérêt devront rester bas pour éviter un choc financier aux budgets des Etats et des entreprises. »

La BCE et l’Europe ne sont pas les seules à agir de façon exceptionnelle et d’autres autorités et banques centrales ont agi récemment en dehors de tout calendrier monétaire ou budgétaire. Ainsi, la Fed vient d’annoncer un troisième programme d'urgence en deux jours, visant à protéger les fonds monétaires d'éventuels retraits massifs. Les banques centrales d'Australie et du Brésil ont également annoncé une baisse de taux, et le lancement, pour la première fois en ce qui concerne l'Australie, d'un programme de rachats d'actifs.

Bruno Bernstein, Directeur Général de la société de gestion FINALTIS, a ainsi estimé que les mesures fiscales et monétaires déployées à ce jour seront suffisantes pour compenser le creux d’activité économique lié au coronavirus dans le monde et donc devrait endiguer à terme la déroute financière.

Les principales mesures des grands pays développées sont, à ce jour :

Pour les Etats-Unis :

  • $1.5T de Repo
  • $1.1T de Commercial Paper Relief
  • $1T de fiscal stimulus
  • $700B de QE par la Fed

Pour la zone Euro :

  • €1.1T de QE par la BCE
  • €600B de prêts garantis par les banques (France/UK)
  • €500B de prêts (Allemagne)

Pour l’Europe :

  • €100B de fiscal stimulus en Europe

Pour le Japon :

  • $300B stimulus

Bruno Bernstein ajoute : « Si on part du principe que 80% de l’économie américaine et européenne seront à l’arrêt pendant 1,5 mois on obtient :

  • Pour les Etats-Unis : $21 000 Milliards de PIB x 1,5 mois = $2 625 Milliards * 80% = $ 2 100 Milliards de destruction de PIB lié au coronavirus
  • Pour la Zone Euro : €16 000 Milliards de PIB x 1,5 mois = €2 002 mds * 80% = € 1 601 Milliards de destruction de PIB lié au coronavirus

Le compte semble y être selon lui (à ce jour). Il rajoute juste après « nous manquons malheureusement d’informations encourageantes sur le plan sanitaire en Europe et aux Etats-Unis et sur la durée de cette crise » !

La bonne nouvelle est que les autorités, partout dans le monde, ont pris conscience de la violence de la crise et ont réussi à lancer des actions coordonnées, rapides et, semblent-ils, à la hauteur des enjeux. Face à cette guerre d’un nouveau genre, elles ont sorti le bazooka !

Jean-François Bay , Directeur Général, Développement international.