Les ETF gérés activement entrent dans une nouvelle ère

Publié le 21/07/2020 - Jean-François Bay
Les ETF gérés activement (ou Actively Managed) viennent de franchir une nouvelle étape. En effet, la SEC, le régulateur américain (Securities and Exchange Commission) a finalement autorisé fin 2019 à cinq nouveaux ETFs gérés activement de diffuser l’intégralité de leurs portefeuilles à une fréquence très dégradée (jusqu’à un rythme trimestriel) ou en ne donnant pas le poids exact des valeurs sous-jacentes ! Plusieurs sociétés de gestion se sont donc engouffrées dans cette brèche et viennent d’annoncer le lancement de plusieurs ETF gérés activement.

Les ETF gérés activement (ou Actively Managed) viennent de franchir une nouvelle étape. En effet, la SEC, le régulateur américain (Securities and Exchange Commission) a finalement autorisé fin 2019 à cinq nouveaux ETFs gérés activement de diffuser l’intégralité de leurs portefeuilles à une fréquence très dégradée (jusqu’à un rythme trimestriel) ou en ne donnant pas le poids exact des valeurs sous-jacentes !

Plusieurs sociétés de gestion se sont donc engouffrées dans cette brèche et viennent d’annoncer le lancement de plusieurs ETF gérés activement. Ce sont plutôt le fait de sociétés de gestion actives comme Legg Mason, Fidelity Investments, T. Rowe Price ou BlackRock qui proposent ainsi le meilleur des deux mondes  : La valeur ajoutée (ou l’alpha) de la gestion très active concentrée et les avantages de fonds indiciels cotés en Bourse et donc liquides sur le marché.

Déjà plusieurs lancements aux Etats-Unis

Attention, ce type de format existe dans plusieurs pays depuis longtemps et notamment aux Etats-Unis où l’on compte près de 400 ETF gérés activement. Mais le succès n’était pas au rendez-vous jusqu’à maintenant. Le blocage était que les meilleures sociétés de gestion hésitaient face à l’obligation de communiquer la transparence totale de leurs portefeuilles à tout investisseur en quotidien.

Pour l'instant, on constate que la plupart des ETF gérés activement sont plus ou moins des clones de fonds stars existants, avec la même philosophie de gestion, les mêmes équipes de gestion et globalement les mêmes valeurs en portefeuilles. Mais, à y regarder de plus près, on note que les investissements ne seront cependant pas identiques car les ETFs sont contraints à davantage de limites sur leurs investissements ou leur liquidité. L’ETF géré activement par Legg Mason détiendra par exemple moins d'actions que son fonds d’investissement (le Legg Mason ClearBridge Large Cap Value).

Des gestions passives de plus en plus actives

Le développement des ETF gérés activement est un peu l’aboutissement d’une forme de gestion de plus en plus active (recherche d’Alpha) de la gestion indicielle ou passive (recherche de Beta qui mesure la sensibilité d'un actif à l'évolution du marché boursier dans son ensemble). Il arrive après les ETF dits « Smart Beta » qui avaient déjà comme promesse d’être plus « intelligents » que les simples ETF indexés sur la performance d’un indice de marché (souvent calculée en fonction des capitalisations boursières). En effet, la majorité des indices boursiers sont conçus sur la base de la capitalisation boursière : plus une société a une capitalisation importante, plus son poids dans l’indice est élevé.

Les stratégies dites « Smart Beta » ou « Advanced Beta » ou factorielles voulaient déjà corriger ce biais « pro-cyclique » de la gestion indicielle en intégrant des critères quantitatifs de sélection a priori basés sur la recherche fondamentale : En équipondérant les capitalisations par exemple (un même poids pour toutes les valeurs) ou ne retenir que les sociétés qui distribuent des dividendes ou en tenant compte de la croissance des bénéfices (style Growth) qui peuvent aussi devenir des critères de pondération d’un indice Smart Beta.

On le voit bien, les stratégies Smart Beta ou les indices Smart Beta diffèrent des gestions actives par le fait que les critères financiers sont établis a priori et suivis mécaniquement par « la machine » contrairement aux fonds d’investissement gérés activement où le gérant choisit selon ses convictions et en fonction des informations de marché les titres dans le but de battre un indice de référence.

Prenons l’exemple de la gamme BNP EASY ETF Smart Beta Europe dont les ETF répliquent des indices calculés selon les quatre stratégies Smart Beta les plus connues :

  • BNP Paribas Easy Equity Quality Europe UCITS ETF : son objectif est de privilégier les titres d’entreprises qui présentent un modèle économique rentable et une situation financière stable ;  http://www.quantalys.com/Fonds/416048
  • le BNP Paribas Easy Equity Value Europe UCITS ETF : son objectif est d’utiliser la valorisation comme critère d’investissement dans le but d’acquérir un actif sur la base d’un prix modéré ; http://www.quantalys.com/Fonds/416049
  • le BNP Paribas Easy Equity Low Volatility Europe UCITS ETF : son objectif est d’exploiter la prime de faible volatilité, c’est à dire privilégier les titres les moins volatils. http://www.quantalys.com/Fonds/416045
  • le BNP Paribas Easy Equity Momentum Europe UCITS ETF : son objectif est de privilégier les titres ayant surperformé dans la période récente et écarter les moins performants pour se positionner sur les grandes tendances du moment ; http://www.quantalys.com/Fonds/416047

 

Des plus en plus d’innovations et d’imagination

Utilisant les infrastructures de marché comme celles du NYSE Arca aux Etats-unis, les gérants actifs ne manquent pas d’imagination afin de profiter de leurs avantages. Ainsi le NYSE Arca s'est associé à Allianz IM pour lancer un ETF actif basé sur l’expertise de Risk Management de l’assureur allemand. Il s’est aussi associé avec Natixis Investment Managers, , Nottingham ou encore American Century pour lancer des ETF actifs sur cette plateforme concentrés sur des facteurs ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance).

Notons le lancement récent de du premier ETF « Work From Home ETF » géré par Direxion et offrant aux investisseurs un accès aux sociétés qui profitent du télétravail et aide à la transformation numérique rapide de ces derniers mois !

https://www.nyse.com/etf/exchange-traded-funds-quarterly-report

Le fonds de Private Equity cotés en Bourse, la gestion active ultime

Lorsque l’on pense au meilleur des deux mondes – à savoir l’expertise de sélection spécifique et idiosyncratique du gérant de conviction (mais souvent peu liquide voire illiquide) et le fonds coté en Bourse en continu (et donc offrant la liquidité du marché) – on pense nécessairement aux sociétés de Private Equity cotées en Bourse.

D’après le dernier rapport mondial de Bain&Cie sur le Private Equity, les entreprises américaines accompagnées par les actionnaires du capital-investissement ont doublé en 10 ans pour atteindre près de 8 000 sociétés en portefeuille, soit deux fois plus que les entreprises cotées. Ceci illustre bien le mouvement de vases communicants entre une Bourse boudée par les entrepreneurs et l’engouement sans précédent pour les fonds de Private Equity. Ces derniers sont à la tête de quelque 2 000 milliards de dollars de poudre sèche fin 2019 («dry powder»). Ce montant, déjà plus que vertigineux, est à doubler quand on prend en compte l’effet de levier des montages LBO. Autant dire que cet afflux de liquidité des investisseurs privés qui déroulent le tapis rouge aux entreprises réduit drastiquement l’intérêt d’une cotation avec ce qu’elle représente comme contraintes et aléas.

Par ailleurs, les fonds de Private Equity n’hésitent pas à utiliser la Bourse pour faire leur marché et acheter des cibles mais aussi pour faire coter des véhicules. Ainsi, le Privex, ou Private Equity Index , lancé par la Société Générale, est composé des 25 valeurs les plus représentatives des sociétés de private equity cotées sur les marchés mondiaux : 3i Group en Angleterre, Investor ABB en Suède, Partners Group en Suisse… On peut citer en France Nextstage (http://www.nextstage.com/sca/), Altamir (https://www.altamir.fr/fr/), Eurazéo (https://www.eurazeo.com/fr/) …

Et bien évidement, si vous voulez investir sur ces sociétés de Private Equity non cotées, vous pouvez acheter un ETF coté en Bourse et indexé sur cet indice Privex ! http://www.quantalys.com/Fonds/724258

https://www.lyxoretf.fr/fr/instit/produits/etf-actions/lyxor-privex-ucits-etf-dist/lu1812091947/eur#

Le régulateur est soucieux de l’agrégation de ces produits pour l’investisseur

L’ESMA, l’autorité des marchés au niveau européen, a fait plusieurs mises en garde au sujet de ces ETF gérés selon certains biais ou gérés activement : « Ces produits indiciels alternatifs ont connu une croissance rapide après la crise. Alors qu’ils minimisent certaines faiblesses des indices traditionnels, ils exposent les investisseurs à différents risques comme une plus grande exposition à la volatilité sectorielle. Ces produits sont plus opaques avec un faible niveau de transparence, ce qui rend difficile pour les investisseurs de définir le niveau de risque auquel ils sont soumis », estime l’ESMA.

Pris individuellement, la promesse semble alléchante. Mais le problème pour l’investisseur est de consolider l’ensemble de ces stratégies « actives », de pouvoir mesurer les risques et les comportements du portefeuille global a priori, avec le risque d’une concentration d’un risque sans le savoir.

Il est donc important que l’investisseur analyse dans le détail le profil des ETFs plus ou moins actifs, grâce aux outils Quantalys, notamment dans des périodes de stress comme nous venons de le voir récemment.

Jean-François Bay , Directeur Général, Développement international.