Fonds stars : Quels sont les fonds incontournables chez les professionnels de la gestion de patrimoine ?

Publié le 12/08/2020 - Jean-François Bay
En faisant l’intersection de l’ensemble des Unités de Compte (UC) de ces contrats grâce aux outils Quantalys, on se retrouve avec 80 fonds systématiquement présents dans tous ces contrats « Haut de gamme » réservés aux CGP et donc que l’on peut qualifier d’incontournables. Quels sont ces fonds ? Ont-ils des caractéristiques communes communes qui expliquent qu’ils soient sélectionnés et privilégiés par les gérants de patrimoine.

Pour connaître les gérants et les fonds les plus populaires chez les professionnels de la gestion de patrimoine et de la gestion privée, nous nous sommes d’abord intéressés aux fonds qui sont les plus référencés dans les contrats d’assurance-vie haut de gamme réservés aux CGP comme par exemple :

  • Arborescence Opportunités (Spirica)
  • Cardif Elite (Cardif)
  • Coralis Selection (AXA)
  • Global Invest (Allianz)
  • Himalia (Generali)
  • Intencial Archipel (Apicil)
  • MyPGA 3 (Agéas)
  • Patrimoine Vie Plus (Suravenir)
  • SwissLife Strategic Premium (SwissLife)

En faisant l’intersection de l’ensemble des Unités de Compte (UC) de ces contrats grâce aux outils Quantalys, on se retrouve avec une centaine de fonds systématiquement présents dans tous ces contrats « Haut de gamme » réservés aux CGP et donc que l’on peut qualifier d’incontournables. En éliminant les fonds les plus récents ne bénéficiant pas d’un historique assez long, on se retrouve précisément avec 80 fonds.

Un univers de fonds actifs principalement gérés par des gérants indépendants

Avant de communiquer la liste complète, il est intéressant de regarder si ces fonds ont des caractéristiques communes qui expliquent qu’ils soient sélectionnés et privilégiés par les gérants de patrimoine.

Tout d’abord, en ce qui concerne les stratégies d’investissement de ces fonds, on s’aperçoit que beaucoup sont des fonds diversifiés flexibles (34%), sorte de fonds patrimoniaux utilisés en cœur de portefeuille qui permet d’aller chercher de la performance avec un niveau de risque maitrisé. Les gérants « stars » dans cette catégorie sont Carmignac, M&G, DNCA, Varenne Capital, Rothschild & Co… Pour les sociétés de gestion qui veulent se développer auprès des gestionnaires de patrimoine, avoir un excellent fonds diversifié flexible est donc la base !

L’autre grande stratégie de gestion utilisée par les gérants privés pour booster la performance à long terme reste les Actions Europe et les Actions Françaises (26% de l’univers). Dans cet univers, la gestion active concentrée et de convictions est recherchée. Là encore, pas de percée auprès des CGP sans un bon fonds Actions Europe géré en stock-picking. Les incontournables sont des maisons indépendantes « locales » comme Comgest, Echiquier, ODDO BHF, Moneta…

Avec 15% de l’univers, les fonds Actions Monde & Thématiques représentent une part de plus en plus importante dans les allocations. C’est la tendance du moment dans la gestion de patrimoine que les sociétés de gestion ont bien compris et donc la carte à jouer lorsque la maison de gestion à une expertise sur une ou plusieurs thématiques. On retrouve logiquement dans cet univers des gérants plus globaux comme Pictet, Comgest, Edmond de Rothschild, AXA IM…

Autre stratégie incontournable : Les marchés émergents qui pèsent pour 7% de l’univers. Les CGP privilégient là encore les maisons indépendantes : Comgest, Fidelity, GemWay, Edmond de Rothschild…

Trois remarques sur les stratégies de gestion :

  1. Les stratégies obligataires restent minoritaires car la composante « obligataire » est souvent jouée via le fonds en euros du contrat. Dans un environnement de taux bas voire négatifs, les gestionnaires de patrimoine ne sont pas tellement demandeurs de gestion obligataire.
  2. La présence de fonds de stratégies alternatives ou en performance absolue est le fait principalement de H2O AM, maison de gestion plébiscitée par beaucoup de gérants privés en diversification de portefeuilles. Très peu d’autres gérants ont véritablement percé ces dernières années sur ces stratégies décorrélées auprès des CGP qui privilégient les fonds diversifiés flexibles.
  3. On note une forte montée des fonds ISR dans les allocations des gérants privés. Même si beaucoup de maisons de gestion basculent et intègrent aujourd’hui des critères extra-financiers dans leurs gestions (Sycomore, Echiquier, Comgest, DNCA, ODDO BHF…) l’intersection des fonds les plus représentés dans les contrats ne fait pas encore ressortir de « blockbusters ISR » dans cette catégorie ? Nul doute que de plus en plus de fonds ISR deviendront incontournables dans les prochains mois !          

 

Des fonds premium qui ont du caractère

En analysant un peu plus dans le détail cet univers des fonds les plus référencés par les CGP, on s’aperçoit qu’il s’agit en général de fonds gérés par des maisons de gestion indépendantes « premium » ou « haut de gamme » . Ce sont des fonds concentrés et risqués. Par exemple, les fonds diversifiés flexibles de cet univers ont une volatilité de 10% contre 6% pour la moyenne de la catégorie Quantalys ! On retrouve les mêmes écarts pour le ratio « perte maximale ». On peut dire que les gérants privés recherchent des fonds qui ont du caractère, pas de l’eau tiède !

Le prix de cette gestion est à la hauteur des enjeux : La moyenne des frais de gestion sur les fonds Actions Europe référencés par les CGP est de 2.14% ! Rappelons ici que la moyenne des frais de gestion pour les ETF Actions Europe est à 0,38 % (soit plus de cinq fois moins chers que les fonds actifs de l’univers avec une différence de 1.76% par an) et les fonds Actions classés comme «indiciels» affichent des frais moyens de 0,99 % (soit plus de deux fois moins chers que les fonds actifs de l’univers avec une différence de 1.15% par an).

 

Des très gros fonds pesant souvent plus de 1 milliard d’euros

Si vous voulez détecter les « blockbusters » de la gestion , un autre bon moyen de le faire est de sélectionner les fonds par actifs gérés (« fund size » ou « asset under management »). La moyenne de l’univers atteint pratiquement 1.5 milliards d’euros. Donc, si vous voulez faire référencer votre fonds sur une plateforme, le fait qu’il gère un encours supérieur à 500 millions € sera un atout. M&G, Carmignac , Pictet, JP Morgan, Comgest, Fidelity… : Nombreux sont les fonds qui gèrent même plusieurs milliards afin de pouvoir encaisser les entrées et sorties des grands distributeurs en Europe sans souci.

En termes de dynamique, en ce qui concerne les flux de collecte sur ces véhicules phares, on peut dire que, en moyenne, l’année 2020 n’a pas été de tout repos. La moyenne ressort avec une baisse des actifs gérés de -12%, soit plus que le simple effet de marché (-8%). Dans ce contexte difficile, certains arrivent cependant à tirer leur épingle du jeu comme Carmignac, Pictet, JP Morgan, Comgest, Tikehau, Varenne Capital…

Une certaine inertie qui cache des changements rapides

A travers cet exercice, on comprend que la gestion de patrimoine s’inscrit dans le temps et a l’habitude de faire confiance à ces gérants partenaires pour délivrer des performances robustes dans le temps quelque soient les conditions de marché. C’est ce qui explique que l’on retrouve sans grande surprise les mêmes noms année après année : Carmignac, Comgest, Echiquier …

Mais la confiance peut parfois être rompue. Dans un métier éminemment humain, une déception récurrente en termes de performance, de risque, de communication peut s’avérer fatale. On voit donc petit à petit certains fonds sortir des listes de sélection où peser de moins en moins dans les allocations.

Et inversement, à l’affut de bonnes idées, de nouvelles stratégies ou de nouveaux gérants plus adaptées à un contexte en pleine mutation, on voit apparaître de nouveaux fonds qui deviennent à leur tour incontournables alors qu’ils étaient inexistants il y a encore 5 ou 10 ans comme par exemple Varenne Capital, Tikehau, GemWay …

Entre crise sanitaire, rotations thématiques, taux négatifs, politiques des banques centrales, transition climatique et enjeux géostratégiques, nul doute que l’environnement restera compliqué, spécialement pour la gestion diversifiée flexible. Les fortes dispersions de performance devraient se poursuivre et donc devrait continuer à concentrer l’essentiel des flux de la gestion de patrimoine vers les meilleurs mais aussi vers les fonds les plus connus en Europe et les plus gros.   

Jean-François Bay , Directeur Général, Développement international.