Gérer soi-même l'allocation ou déléguer au gérant ?

Publié le 30/07/2009 - Philippe Maupas
Analyse comparée des 2 types d'approches, de leurs avantages et inconvénients

La théorie financière nous enseigne depuis des décennies les vertus de la diversification en matière de construction de portefeuilles : les classes d'actifs n'évoluant pas de la même façon au même moment, leur combinaison permet de réduire le risque global du portefeuille, dès lors que leur corrélation est inférieure à 1 (la corrélation, allant de -1 à +1, mesure le degré de co-mouvement de 2 actifs : +1 quand les mouvements sont simultanés et dans la même direction, -1 quand les mouvements sont simultanés et dans des directions opposées).

Des classes d'actifs au comportement différent

Schématiquement, on avait l'habitude de voir les obligations et les actions évoluer à contre-courant, et au sein des actions, de constater des différences marquées de comportement entre les différentes zones géographiques.

On connaît également de longue date la faible corrélation des actifs considérés sans risque (fonds monétaires ou fonds en euro dans le cas de l'assurance vie) avec les actifs risqués (actions ou obligations).

Et l'on a découvert ces dernières années les vertus des fonds de gestion alternative ou de performance absolue, qui sont également faiblement corrélés aux actions et aux obligations.

Une brutale recorrélation à partir de l'été 2007

Ce cadre théorique a été mis à mal depuis l'été 2007 : les grandes classes d'actifs, qui avaient jusque là des comportements différents et asynchrones se sont toutes mises à baisser au même moment (à l'exception des actifs sans risque), annihilant l'effet amortisseur qu'avait la diversification sur un portefeuille.

Résultat : un portefeuille exposé exclusivement à des classes d'actifs à risque est parti en chute libre, sans aucun effet amortisseur pour cause de recorrélation de ses composants.

Faut-il encore faire l'allocation d'actifs soi-même ?

Se pose alors la question de la validité du modèle traditionnel consistant à choisir des classes d'actifs diversifiées, à construire une allocation optimale en fonction de paramètres de performance, risque et covariance attendus et à compter sur les vertus de la diversification pour traverser sans trop de dommage les inévitables crises des marchés actions ou obligataires.

Les outils Quantalys de construction de portefeuille fonctionnent sur ce modèle : nous avons défini 20 allocations d'actifs, allant de la plus prudente à la plus offensive, parmi lesquelles l'investisseur peut choisir pour construire son portefeuille de fonds.

Nous pensons que la brutale recorrélation des classes d'actifs à laquelle nous avons assisté est un phénomène ponctuel, qui se reproduira sans aucun doute lors de la prochaine crise (et s'est déjà produit lors des crises antérieures), mais que les vertus de la diversification existent toujours sur une durée suffisante.

Et ce d'autant plus que l'offre de fonds de type alternatifs ou de performance absolue continuera de se développer et que ces véhicules permettent de réduire le risque d'un portefeuille investi dans les classes d'actifs traditionnelles (actif sans risque, obligations et actions). Nos outils évoluent régulièrement pour permettre d'ajouter à ces allocations d'actifs traditionnelles des classes d'actifs innovantes.

Ou faire confiance au gérant ?

Une autre possibilité est de déléguer le choix de l'allocation d'actifs à un gérant compétent pour cela.

2 conditions préalables pour examiner cette piste : 1. être convaincu du fait que certains gérants sont durablement capables de lire l'évolution des cycles économiques et d'adopter l'allocation d'actifs optimale au bon moment ; 2. être convaincu de sa propre capacité à identifier de tels gérants.

Si ces 2 conditions sont réunies, vous trouverez les fonds susceptibles d'adapter à tout moment leur allocation d'actifs en fonction de leurs anticipations dans 2 catégories Quantalys : allocation d'actifs Europe réactive et allocation d'actifs Monde réactive. Les fonds de la première catégorie investissent la poche actions dans des valeurs européennes, les fonds de la seconde catégorie dans des valeurs du monde entier.

La caractéristique de ces fonds est que le gérant a toute latitude pour faire varier son exposition aux actions de 0 à 100 et de 100 à 0 en fonction de ses anticipations. Inversement, il pourra faire varier son exposition à des classes d'actifs moins risquées (obligations et monétaire) dans les mêmes proportions : quand le gérant anticipe une baisse importante et prolongée des marchés actions, il réduit son exposition aux actions à 0, et l'augmente quand il pense que les marchés actions vont se reprendre.

Le timing est bien entendu essentiel et les gérants capables de prévoir régulièrement avec fiabilité l'évolution des classes d'actifs (et donc d'anticiper les changements de phase dans le cycle économique, voir ici notre article à ce sujet) sont très rares.

Vous accèderez ici à la liste des fonds 5 étoiles dans les 2 catégories Quantalys réactives mentionnées ci-dessus.

Parmi les excellents fonds à la date de rédaction de cette analyse, on retrouvera Aliénor Optimal (analysé par ailleurs ici), Apprecio, NOAM Optimum, Palatine Absolument (également analysé ici), R Valor, Rouvier Valeurs ou encore SVS Europe Flexible.

Attention, un fonds réactif peut connaître des périodes de baisse importante et prolongée, le gérant peut être positionné au mauvais moment sur les mauvaises classes d'actifs. Il ne s'agit en aucune façon de fonds à performance absolue, la lecture de leurs courbes de performance le prouvera.

Piloter soi-même ou déléguer ?

Tout dépend de votre niveau de confiance dans les 2 approches : si vous croyez aux vertus de la diversification et vous sentez capable de piloter vous-même l'allocation, choisissez une allocation d'actifs stratégique, construisez un portefeuille de fonds la répliquant et procédez le cas échéant à des arbitrages tactiques en fonction de vos anticipations sur certaines classes d'actifs (l'optimiseur Quantalys pourra vous y aider) ; si vous ne croyez pas aux vertus de la diversification ou ne vous sentez pas capable de piloter vous-même l'allocation et pensez savoir identifier les gérants capables de le faire correctement, alors les fonds réactifs sont faits pour vous.

Philippe Maupas , CFA, CAIA, CIPM, est co-fondateur de Quantalys et éditorialiste.