Frais : existe-t-il une relation entre les frais et la performance d’un fonds ?

Publié le 06/12/2022 - Jean-François Bay
Quantalys a mené une étude sur un échantillon de plus de 500 fonds dans chacune des trois grandes catégories Actions, Obligations et Allocation. Les résultats de notre étude apportent plusieurs contributions. Premièrement, nous confirmons une corrélation globalement négative entre la performance après frais des fonds et les frais de gestion courants qu'ils facturent aux investisseurs et ce quelle que soit la classe d’actifs. Deuxièmement, nous constatons que les frais de gestion des fonds d’investissement sont un indicateur prédictif de la performance future fonds et que les frais sont négativement associés à la prévisibilité de la performance. Enfin, nos résultats permettent également de souligner l'intérêt d'une approche modélisée quantitative et de solutions digitales à destination des distributeurs de fonds et conseillers financiers afin d’exclure les fonds qui prélèvent des frais très supérieurs à la moyenne des frais de la catégorie.

 

1. De nombreuses études qui corroborent la corrélation entre frais et performance finale

 

Cette étude empirique vient corroborer les études scientifiques réalisées sur ce sujet comme celles de Gil-Bazo et Ruiz-Verdu (2009) ou Marta Vidala, Javier Vidal-García, Hooi Hooi Leanc Gazi Salah Uddind (The relation between fees and return predictability in the mutual fund industry - 2015). Elles confrment également les alertes lancées par plusieurs régulateurs comme l’ESMA (The impact of charges on mutual fund returns – 2017) ou par la SEC (How Fees and Expenses Affect Your Investment Portfolio – 2014).
Dans son étude, l’ESMA estime que l’impact des frais sur le rendement relatif des fonds va de 11 % pour les parts de fonds d'actions passifs (ETF) à 44 % pour les parts de fonds destinés au Retail dans des fonds obligataires. Les impacts négatifs, dans l’absolu, varient de 0,74% à 3,98% respectivement. 
Les impacts des parts de fonds gérés activement et destinés au retail ont tendance à dépasser celles des parts de fonds gérés pour les institutionnels. 
Le cadre PRIIPs/MiFID va aider les investisseurs à mesurer les coûts et charges et fournit des informations supplémentaires sur l’ensemble des frais, y compris les frais de distribution à prendre en compte. Les outils Quantalys aident les conseillers financiers et les investisseurs à calculer et limiter ces frais.
Beaucoup de sociétés de gestion comme Vanguard ont travaillé également sur ces sujets. Les frais peuvent sembler peu importants a priori pour l’investisseur si l’on ne regarde qu’une année mais en fait ils s'additionnent et s'accumulent avec les performances cumulées. En d'autres termes, vous ne perdez pas seulement le petit montant des frais que vous payez une année, vous perdez également toute la croissance que l'argent aurait pu avoir pendant des années. Imaginez que vous avez investi 100 000 €. Si la performance est de +6 % par an pendant les 25 prochaines années et que vous n'avez en théorie aucun frais vous vous retrouveriez à la fin de la période avec environ 430 000 €.
Si, de l’autre côté, vous payiez 2 % de frais par an, au bout de 25 ans, vous n'auriez qu'environ 260 000 €. C'est vrai : les 2 % que vous payez chaque année annulent près de 40 % de la valeur finale de vos investissements !


 


2. Un coup de projecteur ou un coup de gueule des autorités françaises 
L'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) souhaite que les unités de compte trop chères cessent d'être commercialisées. Si les assureurs ne proposent pas eux-mêmes un outil solide de comparaison des frais de l'assurance-vie, le superviseur fera mi-2023 une recommandation formelle à la profession. 
François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, lors d’une conférence de l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), a déclaré récemment « Sous réserve d'avancées rapides de la profession, que nous continuons à souhaiter, nous prendrons donc si nécessaire une recommandation de l'ACPR d'ici à la mi-2023 » . « Je sais que le sujet dérange mais au regard des constats, il me semble qu'il n'est plus possible d'hésiter » a appuyé Jean-Paul Faugère, le vice-président de l'ACPR.
Alors que « l'accumulation de frais élevés peut dans certains cas amputer toute espérance de rendement » pour l'épargnant, « de tels cas doivent donner lieu à des arbitrages ou à une révision de la liste des UC offertes à la clientèle », a prévenu Jean-Paul Faugère. En d'autres termes, le superviseur souhaite que certaines UC, trop chères, cessent d'être commercialisées.
L'ACPR souhaite que chaque assureur publie les tarifs de chaque contrat et de chaque UC, ainsi que les données moyennes de l'ensemble du marché « selon des catégories à définir », telles que « le niveau des risques ou la nature des UC ».
Quantalys dispose déjà des données et des solutions digitales pour aider la profession à y voir plus clair et aider notre éco-système à diminuer les frais des investisseurs finaux.
Le superviseur prépare aussi un projet de recommandation sur la prévention des conflits d'intérêts dans la distribution d'assurance-vie . En ligne de mire : les rétrocommissions, ces commissions versées par les fabricants de produits d'épargne à leurs distributeurs.

 

« Si on veut se donner une chance de maintenir la faculté de prévoir un mécanisme de commissionnement dans le modèle d'affaires de la distribution d'assurance, alors que des voix s'élèvent à Bruxelles pour l'exclure comme dans certains pays de l'Union, il est du plus grand intérêt de veiller à la bonne application des règles actuelles », prévient Jean-Paul Faugère.

3. Les résultats de l’étude empirique menée par Quantalys 
Corrélation entre les frais de gestion courants et les performances des fonds
source : Quantalys – Calculs en Euro sur 5 ans à fin novembre 2022
Catégorie Quantalys Actions Europe, Allocation Flexible Monde et Obligations Monde Diversifiées





 

Pour aller plus loin :

https://acpr.banque-france.fr/communique-de-presse/lacpr-appelle-les-distributeurs-de-contrats-dassurance-vie-mieux-respecter-le-devoir-de-conseil
https://www.esma.europa.eu/sites/default/files/library/esma50-165-422_trv_-_vulnerabilities_-_investor_protection_corrected.pdf
https://www.sec.gov/investor/alerts/ib_fees_expenses.pdf
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0264999315000632
https://www.forbes.com/advisor/investing/mutual-fund-investment-fees/

 

 

 

Jean-François Bay , Directeur Général, Développement international.