Catégories : les rescapés du naufrage 2011

Publié le 21/09/2011 - Philippe Maupas
Seules quelques catégories très pointues sortent la tête de l'eau depuis le début de l'année 2011

Le souvenir douloureux de 2008 s'était à peine dissipé dans l'esprit des investisseurs qu'il leur a fallu subir 2011, qui risque de rester dans les annales comme une nouvelle annus horribilis pour les bourses mondiales.

Les raisons sont connues : crise d'endettement dans de nombreux pays développés, notamment de la zone euro, absence de croissance dans la plupart des pays développés (à l'exception de ceux dotés de matières premières), ralentissement de la croissance dans les émergents.

Quelles sont les classes d'actifs ayant pour le moment résisté à la tempête ?

Nous avons examiné la performance des catégories Quantalys depuis le début de l'année. Au nombre de 135 à ce jour, ces catégories regroupent des fonds ayant des stratégies d'investissement similaires en fonction de la classe d'actifs utilisée.

La rubrique Catégories du site Quantalys donne accès à un outil de comparaison graphique et à un palmarès sous forme de tableau.

Au 16 septembre 2011, le constat est sans appel : depuis le début de l'année, seules 22 catégories sur 135 ont une performance moyenne positive.

Les fonds Actions Bear en tête de classement

En tête avec une performance moyenne de +26.24%, la catégorie Actions Bear, qui regroupe les (quelques) fonds actions dont l'évolution est l'inverse de celle de leur indice de référence.

Ce n'est pas la catégorie à laquelle l'investisseur en actions pense spontanément, puisque le moteur de l'investissement est la croyance en une valorisation positive de cette classe d'actifs sur le long terme.

Elan France Indice Bear, l'un des fonds Actions Bear les plus référencés dans les contrats d'assurance vie suivis par Quantalys (il est présent dans 40 contrats parmi les 100 de notre base de données, dont un nombre important de contrats internet) "a pour objectif de gestion d’évoluer à l’inverse de la performance de l’indice CAC 40 quelle que soit son évolution" (prospectus).

Ce fonds géré par Rothschild & Cie Gestion remplit assez correctement son contrat, comme le montre ce graphique comparant sa performance à celle du CAC 40 du 4 janvier 1999 au 16 septembre 2011. La corrélation de -0.96 montre qu'il subsiste un léger écart entre le fonds et son indice, dû au frais de gestion, au coût de la couverture et à d'éventuels problèmes d'ajustement de celle-ci.

Un fonds actions Bear peut être mis tactiquement dans un portefeuille exposé aux actions pour compenser la baisse des fonds "longs" (c'est-à-dire dont l'évolution suit peu ou prou celle du marché actions sur lesquels ils interviennent). Les investisseurs les plus avertis pourront solder leurs positions longues afin de ne pas être exposés à la baisse si leur timing est bon et s'exposer à des fonds bear, seule solution d'investissement pour gagner à la baisse.

Attention, ces fonds sont d'un usage délicat et ne doivent être utilisés qu'en toute connaissance de cause.

Le jeu des devises

Parmi les catégories dans le vert depuis le début de l'année, on trouve de nombreuses catégories obligataires exposées à des devises autres que l'euro : ces catégories ont bénéficié pour partie de la bonne tenue des obligations souveraines émises par les pays les mieux notés (ces obligations ont été massivement achetées par les investisseurs, selon le phénomène classique du "flight to quality" qui conduit à vendre les actifs à risque pour se réfugier sur des actifs perçus comme plus sûrs, ce qui a fait monter leur cours) et pour une autre partie de la hausse du cours de leur devise d'exposition par rapport à l'euro.

C'est par exemple le cas des catégories Obligations Franc Suisse et Obligations Yen. Les obligations en sterling et dans une moindre mesure en dollar se sont également bien comportées.

Il va de soi que s'exposer à de tels fonds n'est pas usuel chez les investisseurs et que très peu de contrats d'assurance vie donnent accès à ces fonds. Il est par ailleurs extrêmement hasardeux de faire des prévisions sur l'évolution des taux de change et les taux d'intérêt payés par les émetteurs souverains bien notés sont à un niveau tellement bas que le potentiel de revalorisation des cours semble mince.

Les matières premières physiques

Cette catégorie, regroupant les fonds s'exposant à l'évolution du cours d'une ou de plusieurs matières premières, est également (tout juste) dans le vert, avec une performance moyenne de +0.33%.

De nouveau, le choix des fonds nécessite un examen préalable approfondi, afin de bien comprendre à quelles matières premières le fonds s'expose et via quels indices.

L'accès aux fonds matières premières physiques est peu aisé pour les particuliers : les contrats d'assurance vie suivis par Quantalys les référencent parcimonieusement.

La volatilité comme source de performance absolue

Enfin, la catégorie Performance Absolue Volatilité est aussi dans le vert, à +3.02%. Les fonds de cette catégorie visent une performance absolue (c'est-à-dire idéalement positive et ne dépendant pas de l'évolution des grands marchés - actions, obligations notamment) en s'exposant à des produits dérivés permettant eux-mêmes de s'exposer à la volatilité implicite des marchés actions.

On l'aura compris, de tels produits sont très complexes, très techniques, et ne conviennent qu'à des investisseurs les ayant compris. Ne les utilisez que si vous les avez analysés et compris. Vous aurez par ailleurs beaucoup de mal à les trouver dans un contrat d'assurance vie.

Un tableau déprimant

On l'a vu, les seuls îlots de performance positive depuis le début de l'année concernent des catégories très pointues, sur lesquelles il est très improbable que les investisseurs français soient exposés de manière significative.

Il reste l'increvable fonds en euro, dont la performance 2011 ne sera connue qu'au début de 2012. Les rendements devraient de nouveau être en baisse (et passer peut-être en moyenne sous 3%), mais resteront positifs.

Philippe Maupas , CFA, CAIA, CIPM, est co-fondateur de Quantalys et éditorialiste.