Pictet Asset Management - Conseils d’hygiène financière avant un été boursier agité

Publié le 05/06/2025 - Pictet Asset Management
Au Japon, investir en bourse commence par le chokin – l’épargne comme devoir moral. Cela suppose de faire preuve d’humilité et de patience face aux marchés. C’est une bonne philosophie à mettre en œuvre, notamment avant un été boursier qui risque d’être volatil.

Un été boursier tranquille, ça n’existe pas. Presque tous les ans, une nouvelle inattendue – dévaluation monétaire, actions trop chères, guerre etc. - conduit à un rebond de la volatilité. Ce sera certainement encore le cas cette fois-ci. Voici quelques conseils de bonne hygiène financière pour appréhender sereinement la période estivale.

Cacophonie boursière


Les derniers mois boursiers ont été chahutés. Tout avait pourtant bien commencé. En début d’année, tout le monde pariait sur les actions américaines. « Elles sont incontournables ». Ce n’était pas l’avis des fonds spéculatifs américains qui les ont vendus massivement dès les premières semaines de janvier car elles étaient jugées trop chères. À la surprise générale, les actions européennes, délaissées depuis deux ans et fortement décotées, ont tiré leur épingle du jeu. Au premier trimestre, elles ont bénéficié de flux entrants de capitaux sans précédent depuis des années. Mais ça n’a pas duré. Comme on pouvait le redouter, la baisse de la bourse américaine a fini par se répercuter sur l’Europe dans la foulée du « Jour de la Libération » de Donald Trump. Puis, renversement de situation. Finalement, la guerre commerciale n’est pas aussi brutale que prévu. Les États-Unis ont signé des accords avec le Royaume-Uni et la Chine. D’autres sont à venir, en particulier avec l’Asie. Cela a ravivé l’appétit au risque et permis aux actions de rebondir. Sur un mois, le CAC 40 affiche une hausse de 7% tandis que le S&P 500 s’envole de 15%*. Nvidia, qui était la star de l’année 2024, mais qui a connu une forte correction boursière au premier trimestre, retrouve également des couleurs. Son action flambe de 40% en un mois !

Comment investir dans des marchés en montagnes russes ?


Regardons ce que les Japonais font. C’est riche en enseignements. Sans surprise, la philosophie d’investissement japonaise repose sur une approche radicalement différente de notre vision occidentale. Au Japon, tout commence par le chokin, l’épargne comme devoir moral. Dès l’enfance, les Japonais apprennent à mettre de côté, non pas pour s’enrichir, mais comme vertu sociale. Ils investissent en misant sur l’automatisation et la constance – via des versements réguliers sur des fonds actions par exemple, et en laissant le temps faire son œuvre. Cette approche prudente et pleine de sagesse de l’épargne peut se résumer en trois principes clés : 

L'humilité face aux marchés : reconnaître qu'on ne peut pas prédire les mouvements du marché à court terme. Chercher à battre le marché est vain. Cela implique aussi de ne pas croire dans des produits financiers miracles qui proposent des rendements trop élevés pour être vrais.
L'investissement mécanique : des versements programmés chaque mois dans des fonds actions ou des produits de taux. Nul besoin de se torturer pour savoir quel est le moment le plus opportun pour acheter.
La patience extrême : un horizon d'investissement sur plusieurs décennies, parfois même sur plus de 20 ans, sans modification notable de son plan d’investissement initial.
Il faut également ajouter une bonne dose de détachement émotionnel. Quand les Européens paniquent face aux corrections du marché et parfois vendent au pire moment, les investisseurs japonais y voient une opportunité d’achat à prix réduit. 

Les faits donnent raison aux Japonais. En avril, les actions mondiales se sont effondrées. Ceux qui les ont achetés à ce moment-là ont pu obtenir un rendement proche de 10% le mois suivant.

Que faire à l’approche de l’été ?


Il y a rarement des étés boursiers calmes. Prenons l’été 2015. Sans prévenir, la Chine dévalue à trois reprises sa monnaie, provoquant un électrochoc financier. L’an dernier, ce fut la décision de la Banque du Japon d’augmenter son taux directeur qui avait provoqué des remous. L’impact des mauvaises nouvelles est systématiquement amplifié pendant l’été à cause de la faiblesse des volumes. Ce sera pareil cette fois-ci. Beaucoup d’analystes craignent une dévaluation unilatérale du dollar par l’administration Trump. Impossible de savoir si ce scénario est crédible. Mais il est probable que les institutionnels vont un peu alléger leurs positions sur les actions à partir du mois de juillet, juste au cas où.

Ce sera également le bon moment pour intégrer des valeurs défensives dans son portefeuille. Pour un particulier, il peut s’agir d’actions libellées en franc suisse (la devise helvétique remplit toujours son rôle de valeur refuge), d’actions des secteurs de la consommation et de la distribution qui ont la réputation de mieux résister aux épisodes de forte volatilité, ou de produits de taux. Cela peut représenter jusqu’à 10% de son allocation d’actifs, ce qui permet de constituer un petit matelas de sécurité si l’été boursier est agité. 

Source : Terre d’Epargne, de Pictet Asset Management

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