Carmignac Emerging Patrimoine

Publié le 14/06/2011 - Philippe Maupas
Un flexible de plus pour Carmignac Gestion, exposé jusqu'à 50% aux actions des pays émergents

Les actions des pays émergents ont enregistré sur les 10 dernières années des performances époustouflantes, et se sont mieux remises de la crise financière récente que les actions des pays dits développés.

Les fonds flexibles connaissent depuis 2007 une croissance remarquable, certains d'entre eux ayant su éviter la majeure partie de la baisse des marchés actions, notamment en 2008.

Il était tentant de combiner une exposition au potentiel des pays émergents, tout en essayant d'amortir les baisses qui affectent périodiquement ces marchés.

Et il n'est donc pas surprenant de voir Carmignac Gestion lancer un fonds flexible exposé aux marchés émergents, Carmignac Emerging Patrimoine.

Ce compartiment de la sicav luxembourgeoise Carmignac Portfolio a été lancé le 31 mars 2011. Co-géré par Simon Pickard, Charles Zerah et Frédéric Leroux (ce dernier, en charge des couvertures, co-gére également le navire amiral de la société de gestion en terme d'encours, Carmignac Patrimoine, 24.792 milliards d'euros au 9 juin 2011).

Simon Pickard gère Carmignac Emergents, noté 2 étoiles Quantalys au 31 mai 2011, et Carmignac Emerging Discovery, noté 3 étoiles Quantalys à la même date, tous les deux dans la catégorie Actions Pays Emergents Monde.

Quant à Charles Zerah, en charge de la poche obligataire, il a repris début 2010 la gestion de Carmignac Global Bond, fonds très médiocrement noté sur 3 ans puisqu'il a une étoile Quantalys au 31 mai 2011 dans la catégorie Obligations Monde diversifiées.

Le fonds cherche à surperformer un indicateur de référence composé à 50% de l'indice actions MSCI Pays émergents (hors dividendes) et à 50% de l’indice obligataire JP Morgan GBI - Emerging Markets Global diversified Index (avec rebalancement trimestriel) sur une durée minimum de placement recommandée de 5 ans.

Il est navrant de voir que même dans un véhicule luxembourgeois, que l'on pensait immunisé contre les pratiques très françaises d'utiliser un indice dividendes non réinvestis, un gérant d'actifs aussi important que Carmignac Gestion ose encore se comparer à un indice auquel manque un composant essentiel de la performance de long terme (le dividende). On espère que c'est la version dividendes réinvestis du MSCI Pays Emergents qui est utilisée pour le calcul de la commission de surperformance.

Comme Carmignac Patrimoine, Carmignac Emerging Patrimoine a une exposition aux actions et aux titres assimilés limitée à 50%. Ces actions seront sélectionnées par le gérant à partir d'une analyse fondamentale.

Pour la poche taux (50 à 100% du portefeuille, principalement investie en obligations des pays émergents), le gérant joue sur 6 leviers : il pilote la sensibilité du portefeuille dans une plage très large allant de -4 à +10 (la sensibilité mesure l'évolution des cours d'une obligation en fonction d'une augmentation des taux d'intérêt de 1% : une sensibilité de -4 implique une hausse du cours de 4% en cas de hausse des taux de 1%, une sensibilité de +10 implique une baisse du cours de -10% en cas de hausse des taux de 1%), alloue la sensibilité entre les différents marchés obligataires et entre les différents segments des courbes de taux, pilote l'exposition au crédit (obligations émises par des entreprises), sélectionne les obligations et alloue les expositions aux différentes devises.

Carmignac Emerging Patrimoine existe dans 4 parts : part A (dans laquelle les actifs au 14 juin 2011 sont de près de 20 millions d'euros) et part E (actifs de près de 5 millions d'euros au 14 juin 2011) en euro, part GBP et part USD. La part A et la part E supportent une commission de gestion de 0.84% ainsi qu'une commission de surperformance de 15% de la performance au-delà de celle de l'indicateur de référence (sous réserve que la performance du fonds soit positive, ce qui est équitable pour l'investisseur). La part A supporte en outre une commission de distribution de 0,60% et la part E de 1,35% (soit des frais fixes maximum de 1,44% pour la part A et de 2,19% pour la part E).

Pour mémoire, le total des frais sur encours pour l'exercice clos le 31 décembre 2010 de Carmignac Patrimoine s'est élevé à 1,77% pour la part A et à 2,27% pour la part E, sans perception de commission de surperformance.

Carmignac Emerging Patrimoine arrive sur un marché sur lequel quelques pionniers sont déjà actifs, avec des encours relativement modestes : LFP Monde Emergent, co-géré par Thomas Fallon et Gaël Binot chez LFP (près de 27 millions d'euros d'encours au 9 juin 2011), Dorval Flexible Emergents, co-géré par Sophie Chauvellier et Gustavo Horenstein chez Dorval Finance (près de 11 millions d'euros d'encours au 10 juin 2011), Reactis Emerging, géré par Hua Cheng chez Natixis Multimanager (environ 17 millions d'euros d'encours au 10 juin 2011), et enfin Aliénor Emergents Latitude, lancé récemment par Aliénor Capital et co-géré par Arnaud Raimon et Arthur Joannard (environ 900 000 euros d'encours au 9 juin 2011).

L'approche flexible appliquée aux marchés émergents conviendra aux investisseurs ne désirant pas s'exposer directement à un fonds actions pays émergents pour cause d'aversion aux fortes baisses. Les investisseurs de long terme pouvant supporter les fortes baisses préfèreront s'exposer à des fonds "purs", qu'ils soient globaux s'ils ne veulent pas gérer l'allocation entre pays, ou régionaux s'ils sont capables de gérer l'allocation pays.

Philippe Maupas , CFA, CAIA, CIPM, est co-fondateur de Quantalys et éditorialiste.