Dispersion historique des performances des fonds : La logique de la crise COVID-19 continue de peser

Publié le 27/07/2020 - Jean-François Bay
Dans une période compliquée, deux scénarios s’affrontent en fait depuis le début de l’année chez les gérants de fonds : Le camp du « retour à la normale » contre le camp du « retour à la dure réalité ». Ces stratégies diamétralement opposées entrainent des dispersions historiquement élevées des performances des fonds sur toutes les classes d’actifs

Lorsque l’on regarde dans le rétroviseur afin d’analyser le premier semestre de l’année 2020, on a l’impression d’avoir vécu 6 années en 6 mois : Un début d’année euphorique sur les actions et une hausse des taux, fin février-début mars une crise pétrolière suivie par une crise sanitaire, un krach historique sur tous les marchés en mars suivi par un rebond technique violent en avril soutenu par les plans de relance, une reprise économique dans la lignée du déconfinement en mai puis, en juin, on reparle à nouveau de la crise sanitaire qui semble s’installer dans la durée. Le second trimestre commence sous les mêmes auspices par une nouvelle guerre froide entre Chine et USA …

Dans ce contexte, pas facile de tirer son épingle du jeu. Deux camps se sont au final affrontés pendant cette période chez les gérants de fonds, avec des résultats très différents pour les investisseurs :

  • Le camp du « retour à la normale » avec des gérants convaincus que les actions des banques centrales et des plans de relance permettront à l’économie de repartir. Le biais de la gestion est « cyclique » : Valeurs pétrole, matières premières, bancaires et financières. Sur les marchés de taux, l’approche est offensive avec un scénario de remontée des taux longs à terme.
  • Le camp du « retour à la dure réalité » avec des gérants convaincus que la crise sanitaire va s’installer dans le temps et aura des répercussions lourdes sur l’économie et les marchés financiers. Le biais de gestion est volontairement « défensif » : Valeurs Tech, Santé. Sur les autres marchés, les gérants jouent la baisse des taux et la hausse de l’Or. Pour ces gérants aussi, le scénario qui se dessine est que le monde a changé avec la crise du Covid-19 et que la société a pris conscience qu’il fallait vivre différemment afin d’influencer la transition numérique ou climatique.



 

Quelques soient les classes d’actifs, les performances sont extrêmes

Le résultat de ces scénarios radicaux est que les performances des fonds, quelques soient les catégories Quantalys, seront très dispersées. Eau chaude ou eau froide, pas de juste milieu sur les Actions, les Obligations et donc, par ricochet, sur les fonds diversifiés.

Sur les Actions, si vous avez privilégié les valeurs Tech et Santé avec une approche ESG il y a de fortes chances que les performances soient dans le vert.



Sur les zones géographiques, là encore la dispersion est forte entre les pays qui ont le mieux gérés la crise sanitaire comme la Chine ou l’Europe du Nord et les pays les plus impactés par le COVID-19 comme les pays émergents, l’Angleterre ou l’Europe du Sud.



Sur les marchés obligataires, les approches prudentes sur les Emprunts des Etats les plus sûrs ou dits « refuges » ont été les plus performants. Les stratégies les plus risquées ou sur les pays émergents ont nécessairement souffert dans ce contexte.


La dispersion est donc logiquement forte aussi pour les fonds diversifiés qui allouent à la fois sur les Actions et sur les Obligations. Avec le risque de cumuler les deux risques, c’est-à-dire de ne pas pouvoir utiliser la poche obligataire comme « buffer » ou « amortisseur » de la poche Actions mais au contraire d’avoir une partie obligataire qui contribue à la performance négative !

Conclusion :

A partir des enseignements de ce début d’année, trois éléments peuvent dessiner le reste de l’année et doivent être prise en compte par les investisseurs dans leurs choix d’investissement :

  1. Le premier est que la crise sanitaire risque de s’installer dans le temps, le temps de trouver un vaccin et un traitement efficace. Les marchés devraient donc réagir sous forme de mini-cycliques liés au confinements et déconfinements partiels des pays, des régions ou des villes. Le « floor » est apporté par les actions des banques centrales et des gouvernements du monde entier. Et le « cap » est fixé par cette crise sanitaire qui pèse sur l’économie. Les fonds indiciels risquent de décevoir dans l’ensemble et les fonds très actifs sur des stratégies « défensives » ou « flexibles » ou « unconstrained » peuvent tirer leur épingle du jeu
  2. Le deuxième élément est que les taux d’intérêt devraient rester bas très longtemps (voir des décennies ?). Dans ces conditions, tout proxy-obligataire ou stratégie de diversification sera utile dans une allocation. On peut citer l’Or ou l’immobilier par exemple.
  3. Le troisième élément est que si la crise du COVID a surpris un bon nombre d’intervenants de marché, en revanche la transition numérique et la transition climatique sont bien identifiées depuis très longtemps. Elles resteront plus que jamais des thématiques recherchées par les investisseurs.
Jean-François Bay , Directeur Général, Développement international.