Santé, Emploi, Education, Retraite … Le rôle des financements privés

Publié le 02/05/2022 - Jean-François Bay
Avec 30 % du PIB, c’est en France que ces dépenses sociales sont les plus élevées. D’un côté la crise sanitaire est venue reposer la question de l’efficacité des dépenses publiques et le rôle de l’Etat.

De l’autre, une affaire comme Orpéa pointe du doigt le rôle du financement privé pour des activités sociales. Au niveau mondial, alors que les Etats sont surendettés et cherchent à se désengager de certaines activités pour se concentrer sur le régalien, on a vu apparaître en Bourse de nouvelles entreprises ayant des objectifs sociaux. Quel sera le rôle des sociétés de gestion dans ces domaines ? L’exemple avec l’Education.

L’affaire Orpea est venue nous rappeler qu’une société privée intervenant dans le secteur de l’économie sociale doit pouvoir se développer mais en ayant comme priorité son développement responsable et durable basé sur sa mission et son utilité sociale, donc basé sur des critères extra-financiers contrôlables et auditables (sur la gestion des ressources humaines, des résidents…) plus que financiers (profits, rentabilité, rémunération…).

Comme le disait récemment Hervé Guez, Directeur de la gestion actions, taux, solidaire chez Mirova dans l’Agefi «le modèle des agences de notation extra-financière n’est pas encore mature. Elles fondent leur notation essentiellement sur des informations publiques et non par des Due diligence auprès de l’entreprise. Nous les invitons à en faire davantage sur le modèle des agences de notation crédit. En outre, l’amélioration annoncée des reportings comptables extra-financiers audités, certifiés et enrichis participera à l’amélioration de la transparence.» L’arrivée de la taxonomie devrait donc faciliter les choses.

«Vis-à-vis de nos porteurs de fonds, notre responsabilité n’est pas de démissionner, mais de rebâtir la confiance en poussant à l’adoption d’un modèle économique des maisons de retraite alliant la robustesse financière et la qualité de l’accueil et des soins», conclut Hervé Guez.

Avec la hausse de l’endettement des Etats et le besoin de désengagement des gouvernements au profit du secteur privé, ces questions se posent aujourd’hui pour de nombreuses activités de l’économie sociale et solidaire, et pas uniquement la dépendance ! Selon l’OCDE, les dépenses sociales représentent 20% du PIB des pays de l’OCDE. Avec 30 % du PIB, c’est en France que ces dépenses sont les plus élevées, l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, le Danemark, la Finlande, l’Italie, la Norvège et la Suède consacrant eux aussi plus de 25% de leur PIB à l’aide sociale publique au sens large.


Par ailleurs, la pandémie de la Covid est venue exacerber l’importance de ces besoins sociaux dans nos pays développés vieillissant comme la Santé mais aussi l’Education, l’Alimentation, l’Immobilier et l’Hébergement par exemple.

Et les financements privés sont intéressés par ces activités car elles allient visibilité financière, utilité sociale et investissement à impact. 

Par ailleurs, une autre grande mutation est venue toucher l’économie sociale : la digitalisation et l’importance grandissante des technologies. Difficile aujourd’hui d’imaginer le secteur de la Santé sans Doctolib, le secteur de l’Education sans Microsoft, le secteur de l’Emploi sans les plateformes Indeed-Recruit Holdings ou celui de l’hébergement sans les plateformes digitales comme AirBnB par exemple !

On le voit, les sociétés de gestion ont un rôle majeur pour coordonner l’ensemble de ces mutations au service des investisseurs afin de flécher les capitaux vers des entreprises qui apportent des solutions pour atteindre ces objectifs sociaux et qui sont les plus vertueuses dans ces domaines. 

L’exemple de l’Education

Nous n’en avons pas toujours conscience en France mais le secteur de l’Education est en pleine évolution et le nombre d’entreprises cotées en Bourse sur ce secteur est en forte augmentation. 

L’Education ne cherche pas uniquement à transmettre des connaissances mais c’est aussi un moteur de croissance économique et d’émancipation des individus, des entreprises et donc des Etats.

L’éducation dote les individus des connaissances et des compétences dont ils ont besoin pour améliorer leur existence. Elle peut stimuler la productivité et ouvre les portes de l’emploi et de l’investissement.

L’éducation est aussi la clé pour aborder la question des inégalités et de l’exclusion fondées sur le genre. Alors que les filles et les garçons ont les mêmes droits humains fondamentaux, les jeunes femmes bénéficient généralement de moins d’éducation, d’opportunités et de liberté que les jeunes hommes.

Selon un rapport de l’UNESCO « L'Education compte : vers la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement » , une année d’étude en plus correspond jusqu’à 10% de plus de rémunération individuelle. 




La digitalisation de l’Education

Les innovations disruptives commencent à transformer l’enseignement, aident à réduire les coûts, améliorent sa qualité et généralisent son accès. Le secteur ludo-éducatif introduit dans l’enseignement les technologies, les innovations et les solutions du monde des divertissements et des médias, ce qui rend le processus d’apprentissage non seulement plus rentable et évolutif, mais aussi plus personnel, plus interactif et plus efficace.

L’Education et les marchés financiers

L’enseignement est l’un des plus importants secteurs économiques au niveau mondial. 5000 Milliards USD y sont consacrés chaque année dans le monde, et ce montant devrait doubler au cours des 15 prochaines années. Mais seuls 2% de ces dépenses vont vers l’enseignement numérique actuellement selon une étude de CitiBank menée en 2017.

La majorité des dépenses publiques vont se concentrer sur le cycle primaire et secondaire, et donc les financements privés vont être plus importants dans le tertiaire, dans les degrés Masters et la recherche (Doctorats). On pourrait également rajouter la formation professionnelle.


Les sociétés de gestion de private equity ont identifié l’Education comme un marché de croissance et d’opportunités. En ce qui concerne les sociétés cotées en Bourse, elles sont de plus en plus nombreuses dans le monde entier. Voici le top 5 par capitalisation boursière :



 

Sur l’Education, voici quelques exemples de fonds sur cette thématique Education :

ODD n°4 : L’éducation avec par exemple les fonds

CPR Invest Education

Sycomore Global Education

Wellington Next Gen Education EUR

 

Pour en savoir plus sur l’Education :

https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000190214

https://www.citivelocity.com/citigps/education-back-basics/

Pour en savoir plus sur le poids de l’économie sociale en France :

https://www.insee.fr/fr/statistiques/1280902

https://www.lafinancepourtous.com/decryptages/finance-et-societe/finance-durable/economie-sociale-et-solidaire/une-economie-qui-cree-des-emplois/

https://www.oecd.org/fr/social/soc/OCDE2020-Le-point-sur-les-depenses-sociales-SOCX.pdf

Jean-François Bay , Directeur Général, Développement international.