+15% en 2009 pour le FRR

Publié le 17/02/2010 - Philippe Maupas
Après une année 2008 calamiteuse, belle performance 2009 pour le Fonds de Réserve des Retraites

Le Fonds de Réserve des Retraites (FRR) est un établissement public créé en 2001 afin de prendre en charge une partie des dépenses des régimes de retraite de base du secteur privé à partir de 2020. C'est en effet à cette date que le choc démographique (réduction du nombre des actifs et forte augmentation du nombre des retraités) risque de déséquilibrer les régimes de retraite (on notera que la crise économique sévère affectant les économies développées, dont celle de la France, depuis l'été 2007, a creusé plus rapidement les déficits de ces régimes et que le choc attendu en 2020 se matérialisera sans doute quelques années avant).

Un fonds de pension à la française

Le FRR est doté de ressources financières (abondements) provenant de 4 sources : une part du prélèvement social de 2% sur les revenus du patrimoine et de placement, les excédents des régimes sociaux (CNAV et FSV), le produit de cessions d’actifs (privatisations, cession des parts de Caisses d’épargne, produit de la vente des licences UMTS,…) et des dotations de natures diverses. Le total de ces ressources s'élève à environ 30 milliards d'euros.

Le FRR est proche dans son fonctionnement d'un fonds de pension : il dispose de ressources investies sur les marchés financiers pour faire face à un passif. Mais contrairement à un fonds de pension classique, il dispose de quelques années sans décaissement et son objectif est donc de maximiser la somme atteinte en 2020.

Le passif du FRR est précisément constitué de la restitution, sous forme de 21 versements entre 2020 et 2040, de la valeur des abondements perçus jusqu’en 2020, indexés sur l’inflation.

Les ressources financières du FRR sont confiées à des gestionnaires de fonds à l'issue d'un processus de sélection. Le FRR est en charge de l'allocation d'actifs de son portefeuille, dont on n'insistera jamais assez sur l'importance cruciale qu'elle a dans la performance finale du portefeuille.

2008, annus horribilis

Investisseur de long terme, le FRR peut s'exposer à des instruments financiers qu'il qualifie d'actifs de "performance" : actions, immobilier et matières premières. Son allocation d'actifs de référence est de 55% d'actifs de performance (45% d'actions, 5% d'actifs immobiliers et 5% de matières premières) et de 45% d'actifs obligataires (25% obligations à taux fixe et 20% obligations indexées sur l'inflation), ces derniers lui permettant de couvrir son passif.

L'année 2008 s'est terminée sur une performance de -24,9%, avec une allocation d'actifs de 50,6% en actifs de performance et de 49,4% en actifs obligataires (dont 9,8% de monétaire en attente d'investissement).

Reprise en 2009

Grâce à la reprise des marchés actions en 2009, mais également au bon comportement des autres classes d'actifs, l'actif du FRR a enregistré une performance de 15% en 2009 (11,3% pour la poche actions, 3,4% pour la poche obligations et 0,5% pour les matières premières, soit 15,2%, dont il faut retrancher 0,2% de frais de gestion financière et administratifs, un montant très faible, soit dit en passant).

L'allocation d'actifs au 31/12/2009 se répartissait à 52,4% en actifs de performance (46,9% d'actions, 1,6% en immobilier et 3,9% en matières premières) et 47,6% en actifs obligataires (27,5% d'obligations à taux fixe, 9,5% d'obligations indexées sur l'inflation et 10,5% de monétaire en attente d'investissement). On notera que l'allocation aux actifs de performance reste inférieure à celle du portefeuille de référence et que la part relative des obligations indexées sur l'inflation a presque triplé en un an.

La performance annualisée du FRR depuis son lancement effectif en juin 2004 est de +2,8% au 31 décembre 2009 (+2,9% sur le second semestre 2004, +12,4% en 2005, +11,1% en 2006, +4,9% en 2007, -24,9% en 2008 et +15% en 2009). A cette même date, les encours totaux s'élevaient à 33,3 milliards d'euros.

Les principes d'investissement du FRR

On ne saurait trop conseiller aux investisseurs et aux professionnels de la gestion de patrimoine la lecture de la délibération du conseil de surveillance du FRR du 16 juin 2009 dans laquelle sont rappelés les 5 principes d'investissement du FRR (pages 2 à 4).

Tout d'abord, le FRR a un horizon de long terme mais doit tenir compte des risques de court terme, qu'il doit tenter d'identifier en amont. Il faut pour cela avoir une certaine flexibilité quant à l'allocation d'actifs.

Ensuite, le FRR rappelle que la diversification reste une "ligne de conduite nécessaire" mais pas suffisante en présence de risques extrêmes (comme en 2008).

La performance du portefeuille de référence (l'allocation d'actifs stratégique) constitue l'essentiel de l'espérance de rendement à long terme.

En tant qu'investisseur public de long terme, le FRR se doit de tenir compte de critères environnementaux, sociaux et de bonne gouvernance.

Enfin, pour piloter son portefeuille, le FRR se doit de "mobiliser les meilleures compétences internes et externes possibles, ainsi que des systèmes d’informations et de contrôle efficaces".

Nous n'avons pas un mot à ajouter à ces quelques principes, qui peuvent être appliqués à l'identique par tout investisseur. Un bémol sur la flexibilité de l'allocation d'actifs, tous les investisseurs n'étant pas équipés comme le FRR pour analyser les grandes classes d'actifs.

Philippe Maupas , CFA, CAIA, CIPM, est co-fondateur de Quantalys et éditorialiste.